LA BELLE DÉCO MARINE DU CHATHAM AUX ENCHÈRES
Dans le centre-ville, rue de Montfort, Le Chatham (devenu Le Pollen) était une institution rennaise, un haut lieu de la fête durant plus de quarante ans. Imaginé par Philippe Tournedouet (aujourd’hui propriétaire du bar de La Cité) et Bruno Delahaye (ex-gérant du Stanley), l’estaminet voit le jour au début des années quatre-vingt. « Nous avons entièrement tout refait en charme et loupe d’orme avec des charpentiers de marine », se remémore-t-il.
Le tableau de nœuds appartenait au gardien du phare de Falmouth », se rappelle Philippe Tournedouet.
Avec sa déco, cet endroit demeurait à part. « Nous sommes allés chercher les objets, à Falmouth et dans des salons de Paris », confie, amusé, Philippe Tournedouet. « À l’époque, c’était du tout neuf. Depuis, c’est classé en antiquité. Je me souviens être revenu avec une grande roue sur le toit d’une 4 L ! » Durant une dizaine d’années, le lieu reste le « Must ». « Nous étions le seul bar de nuit, dans la capitale bretonne. »
Rue de Montfort, le Tout-Rennes festif se donnait rendez-vous au Chatham. « Les Nus y ont joué plusieurs fois, mais aussi Dominique Sonic », se rappelle Franck Darcel, membre du groupe Les Marquis de Sade. Là-bas, les jeunes et les moins jeunes se retrouvaient après les Trans. « J’étais client dans les premières années, » convient Benoit de Belloir. « C’était un endroit intergénérationnel (20 à 50 ans), bienveillant et socialement mélangé. »
Quand Le Chatham fermait, Philippe s’égosillait : tous au Stanley ! », se souvient Benoit.
Dans les années quatre-vingt-dix, Gérard Cozien prend la suite. Il achète durant de nombreuses années des tableaux, des maquettes, des lampes… « Il a transformé son pub en un vrai musée. Il passait ces journées à chiner durant ces jours de repos », confie un habitué. Mais avec le nouveau propriétaire, exit les antiquités marines et les boiseries. Tout sera vendu mardi prochain, à l’hôtel des ventes, à 19 h. « Nous avons accepté ce projet parce que c’était un établissement mythique de Rennes, » affirme Florian Leglatin, conseiller clientèle et responsable communication de Rennes Enchères.
Durant cette vente-évènement, environ 120 pièces seront écoulées aux enchères. « Les Rennais pourront acheter des lanternes (estimées à 40-50 euros), des tabourets (40-60 euros)…. Mais pas seulement, ils pourront acquérir une barque (200 à 300 euros), un comptoir en acajou (300-400 euros), une manche à air (60-80 euros)… Le panier moyen sera compris entre 60 et 80 euros. » Exposition à partir du mercredi 25 mai tous les jours de la semaine de 14 h à 18 h, samedi 4 juin 10 h/13 h, lundi 6 juin 14 h/18 h. Visite virtuelle du Chatham dans le pub. Visite virtuelle du Chatam à l’hôtel des ventes.
Infos + : « Tout le bois a été enlevé », confie Philippe Tournedouet. « C’est dommage. On aurait dû conserver la boiserie. »
Infos ++ : le chanteur Pascal Obispo a-t-il été serveur au Chatham ? « Ce n’est pas vrai du tout, mais par contre, il a été client avec les Marquis de Sade, Les Nus, Christian Dargelos. Quand l’Ubu fermait, tous les musiciens venaient au Chatam. Lors des Trans, on ouvrait jusqu’à cinq heures, mais personne ne le savait ! J’ai tellement d’anecdotes que je ne m’en souviens pas d’une, en particulier », ajoute Philippe Tournedouet.
La vente du jour : plaque en bronze gravée « Le Chatham — 18 h-3 h. Tenue correcte exigée » . Souillé-Bisman Rennes 20×25 cm (en l’état).
Les commentaires sont fermés.