Retrouvez toute l'information économique de proximité

TROIS ACCIDENTS MORTELS SUR DES CHANTIERS : DES ARTISANS INQUIETS POUR L’AVENIR DE LEUR PROFESSION

Vendredi dernier, un jeune ouvrier afghan de 25 ans a trouvé la mort sur un chantier de construction à Orgères, impasse des Bleuets. Il est décédé dans l’effondrement d’une dalle de béton. Pour l’heure, une enquête est en cours. Elle est confiée aux gendarmes et à l’inspection du travail pour déterminer les circonstances du drame. Mais dans la communauté des artisans, cet accident mortel n’est pas sans causer des réactions. “C’est le troisième en quelques mois”, explique un chef d’entreprise maçon. “Le samedi 23 octobre 2021, sur un chantier de Pleurtuit, au nord de l’Ille-et-Vilaine, une dalle de béton était tombée sur un ouvrier, provoquant son décès. Un deuxième homme, choqué, a été transporté à l’hôpital.”

Un peu plus tôt, un homme de 36 ans était lui aussi décédé sur son lieu de travail, le mercredi 21 juillet 2021, à La Chapelle-des-Fougeretz, près de Rennes. Il  travaillait sur un chantier situé sur la Route du meuble. Malgré l’intervention des secours, l’ouvrier bloqué entre deux blocs de béton. n’avait pu être réanimé. Face à ces trois drames, les entreprises de maçonnerie vivent un moment difficile. Ils tentent de comprendre l’inexplicable. “Les maîtres d’oeuvre nous demandent des délais très courts”, ose l’un d’eux. “Ils pénalisent les entreprises spécialisées dans le gros oeuvre. Certains peuvent se retrouver avec des pénalités de retard exorbitantes (équivalentes de 15 % du montant de chantier), ce qui peut entraîner des difficultés financières pour les dirigeants, voire le dépôt de bilan. Exemple, des chantiers sont arrêtés, à Beauregard.”

Résultat, beaucoup d’entreprises prennent des risques, sont contraintes d’employer des ouvriers mal formés… “Heureusement, tout le monde n’agit pas ainsi. Beaucoup de sociétés misent sur la sécurité, la formation de leurs ouvriers.” Face à la mort de trois hommes, le petit patronat en appelle à la raison. “L’enquête déterminera les responsabilités. Mais on ne peut pas continuer à travailler sous la pression des donneurs d’ordres, des indemnités de retard, des agences d’intérim obligées d’embaucher des gens mal formés. Nous avons notre responsabilité, mais il en existe bien d’autres.” Face à la mort de trois hommes, les petits patrons s’inquiètent pour l’avenir de leurs profession. “Nous effectuons des métiers dangereux. Nous ne devons pas les rendre plus dangereux par des pressions inutiles. Le retard dans un chantier ne vaut pas la mort d’un homme. Il faut que tout le monde se mette autour de la table pour régler cette situation.”

Les commentaires sont fermés.