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MALGRÉ UNE MENACE D’EXPROPRIATION : LE 1988 LIVE CLUB FÊTERA SES DIX ANS DE SUCCÈS

Joie, stupeur et tremblements : voilà la maxime des dix ans du 1988 Live club (ex-Pym’s pour les plus vieux d’entre nous) qui se déroulera du 18 au 21 janvier prochains. Mais ces trois mots n’ont peut-être pas été choisis par hasard par Sébastien Bétin, le gérant de la célèbre boîte de concerts de la capitale bretonne. Joie parce que l’établissement fête ses dix années d’existence ; stupeur, parce que le gérant a découvert une mesure d’expropriation de la ville (dans le cadre de l’aménagement du Colombier) et tremblements parce qu’il ne sait quand la procédure aura lieu.

Depuis son inauguration, il y a 10 ans maintenant, le Club s’est pourtant façonné une place parmi les plus beaux endroits culturels rennais. « Les différents directeurs et programmateurs du club ont toujours eu à cœur de produire des artistes de la scène internationale », explique le gérant Sébastien Bétin, personnage truculent de la nuit rennaise. « Nous avons fait venir des musiciens nationaux ou régionaux comme Derik May, Rebekah, Green Montana, Otis Taylor, Last Train, Sapphire, Vladimir Cauchemar, Boris Brejcha, Charlotte de Witte…. En moyenne, nous recevons 1000 spectateurs, soit 125 000 par an. » 

Si nous détruisons des lieux de musique électronique comme les nôtres, autant permettre des frets-parties ! »

Pour sa fête, la programmation des 10 ans du club sera le reflet de cette diversité musicale, notamment pour les musiques électroniques ! « Sur deux jours, les trois salles accueilleront les artistes locaux habitués du club ainsi que des formations internationales de tous styles confondus (22 groupes). Des grands noms de l’électro (SNTS, Marc Ayats, Juliet Fox ou encore Teenage Mutants) partageront la scène avec des groupes punks (Les Ramoneurs de Menhirs), de métal (Punish Yourself) et celtique (les Toxic Frogs). Nous aurons aussi l’occasion d’écouter les rockeurs rennais The Gunners, quelques heures avant une programmation plus house sous les platines de Barbara Butch et Marina Trench. »

Mais voilà, il fallait bien une ombre au tableau. Malgré ses 42 collaborateurs, le « 1988 Live Club » ne semble pas soutenu des autorités publiques. « La Direction a pourtant répondu présente face au projet d’avenir EuroRennes, mais en vain. Notre proposition de déménagement sous les locaux de la Poste n’a pas été retenue (…). Il devient de plus en plus difficile pour les cafés concerts d’exercer. On est en train de perdre nos lieux, territoire d’expression de la musique vivante ». 

Inquiet, le patron veut encore croire au dialogue avec la métropole. « Je tends la main. J’aimerais rencontrer Nathalie Appéré pour évoquer le dossier. », affirme-t-il. La municipalité rennaise, pourtant très impliquée dans le monde culturel (son principal budget), entamera-t-elle la négociation ? À l’heure où elle est critiquée pour son soutien très appuyé en faveur du Mem (la guinguette aux décibels survitaminés), la ville se trouverait bien mal inspirée d’ouvrir une autre zone de conflit… culturel. 

Infos + : adjoint au maire de l’urbanisme il y a déjà quelques années, Sébastien Séméril aurait proposé un second lieu au “88” sous le centre de tri Colombier. « On avait commencé à réfléchir sur les plans. Mais un jour, on nous a dit : « vous aurez un local en moins ». Cela ne m’intéressait donc plus. Je n’avais plus assez d’espace. Du jour au lendemain, tout s’est interrompu. » Faute d’accord, Sébastien Bétin avait imaginé un plan de reprise de l’immeuble où il se trouve sur la dalle du Colombier. « J’espérais que l’on regarde de plus près mon projet. Mais le 5 octobre 2022, le préfet a validé un arrêté autorisant notre expulsion, dans les cinq ans à venir. »

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