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SOIRÉE AVEC LES AGRICULTEURS

Dans la soirée du 25 au 26 janvier, à hauteur de Tinténiac, sur la RN 137, la nuit est tombée depuis plusieurs heures. Sous la pleine lune, la coupe est pleine ! Les Jeunes agriculteurs et la FDSEA ont prévu de maintenir leurs barrages jusqu’à ce samedi, avant de refaire le point. « On sait déjà que les annonces de demain ne seront pas suffisantes », affirme l’un d’eux, assis sur la rambarde de sécurité de l’axe Rennes–Saint-Malo. Devant lui, des paysans acquiescent de la tête. Depuis mercredi, vers 11 h, ils bloquent la circulation sur la D137 en signe de protestation. Ils sont encore nombreux, ce jeudi. 

ON EST FATIGUÉS ET EN COLÈRE », CONFIE UN JEUNE AGRICULTEUR. 

Françoise Gatel, sénatrice.

Sur la route, éclairée par les phares des tracteurs, l’ambiance est festive. Mais chez les manifestants, le cœur est gros. Un verre à la main, sous une tonnelle, les hommes et les femmes discutent allègrement. Ils reviennent sur la manifestation dans la capitale bretonne du jour (voir notre article : https://www.rennes-infos-autrement.fr/jour-de-colere/). « Notre mouvement est pacifique », affirme un paysan. « Nous agissons dans le respect des biens et des personnes. Nos barbecues ne sont pas à même le sol et nous avons posé des tôles sous nos feux de camp afin de ne pas abîmer la chaussée. Nous laissons un passage pour les secours pour ne pas entraver la circulation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les forces de l’ordre ne disent rien», confie Aymeric Louapre, administrateur du syndicat des jeunes agriculteurs. 

Loin de Paris, lui et ses amis n’en peuvent plus. « Il y a beaucoup trop de paperasse pour les dossiers d’installation », assure un autre. « Nous sommes obligés de payer des experts-comptables à longueur de temps. » Même ressentiment chez son voisin de tablée. « Pour s’installer, un jeune doit débourser 15 000 € avant même de pouvoir commencer à exercer son activité », lance un de ses collègues, avec à son actif deux nuits de piquet.

EN FRANCE, NOUS SOMMES DES SPÉCIALISTES POUR AJOUTER DES NORMES AUX NORMES ET DES RÈGLES AUX RÈGLES », CONFIRME FLORIAN. 

Entretemps, la sénatrice de Châteaugiron, Françoise Gatel (droite), est venue apporter son soutien. « Mon mari et moi, nous sommes juste des consommateurs, mais nous sommes là pour défendre les agriculteurs, car, sans eux, on ne mange plus. Il ne faut pas l’oublier ». À côté d’elle, un paysan rebondit sur les propos. « Si les annonces ne sont pas suffisantes, nous irons dans les grandes surfaces. »

Les actions de blocage vont se poursuivre en Ille-et-Vilaine, ce vendredi 26 janvier 2024, après deux premières journées de mobilisation. Plus que jamais, le monde agricole réclame des dispositifs d’urgence pour aider un secteur en crise depuis des années. Les deux principaux syndicats ont adressé au gouvernement une liste de 120 demandes, parmi lesquelles une vingtaine sont considérées comme prioritaires. Ils s’attaquent notamment à la question des salaires, des contraintes environnementales et exigent des mesures sociales et fiscales pour garantir l’avenir de la profession.

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