L’AMBIANCE CHEZ LES BOULANGERS DEVIENT ÉLECTRIQUE
Au nord de l’Ille-et-Vilaine, le boulanger, employant huit salariés et quatre apprentis, a du mal à s’en sortir. Il affiche son mal-être sur la vitrine. « Électricité trop chère, votre commerçant est dans le pétrin », lit-on en substance sur sa façade. En un an, sa facture a été moins multipliée par trois. « Elle avait déjà augmenté entre 2020 et 2021. Cette hausse est dramatique. On risque de licencier des employés. En Loire-Atlantique, un de nos collègues s’est malheureusement suicidé », assure-t-il.
Les franchisés touchés
Dans le département et en Bretagne, les franchisés (Brioche dorée) sont également touchés. « La note a sextuplé dans les boulangeries où les responsables ont souscrit des contrats avec un autre fournisseur qu’EDF », assure sous couvert d’anonymat un directeur de franchise. « Dans les autres boutiques, c’est moins flagrant, mais les tarifs ont tout de même doublé. »
Cette année, cela va passer, » affirme un jeune boulanger rennais. « Mais dans un an, si les prix continuent à progresser, je risque de mettre la clé sous la porte. »
Face à la hausse des coûts, les Artisans d’Ille-et-Vilaine (association professionnelle) invitent les boulangers à saisir la chambre des métiers (CMA). « Cette institution est là pour les aider et les accompagner », explique William Chaou, vice-président de l’association. « Jusque-là, l’énergie était une ligne sur un bilan. Désormais, elle peut mettre à mal une entreprise, d’où le besoin d’un accompagnement. »
Sans apporter des solutions miracles, la CMA peut inciter les entrepreneurs à se tourner vers l’Ademe. « L’agence de transition écologique peut, à partir d’un audit énergétique, planifier un programme de travaux pour améliorer la performance du patrimoine bâti. Elle peut même délivrer une expertise financière. » Outre ce soutien, les courtiers en énergie peuvent aussi aider les sociétés à négocier les prix de leur contrat et à obtenir les meilleures offres disponibles.
A une autre échelle, les boulangers peuvent bénéficier d’un dispositif d’aide appelé « l’amortisseur électricité », qui prévoit une prise en charge à hauteur de 20 % environ de la hausse de la note par l’État. À quoi s’ajoute un guichet d’aides supplémentaires pour toutes les PME et TPE dont la puissance de compteur dépasse 36 kVA et dont la facture d’énergie excède encore 3 % du chiffre d’affaires. « En cumul, ces deux aides peuvent représenter jusqu’à 40 % de remise sur leur électricité », assure Bruno Le Maire dans les 2chos.
Lors de la traditionnelle galette des rois, Emmanuel Macron a hier exhorté les fournisseurs d’énergie à aider les très petites entreprises. « Ces grandes entreprises vont revenir vers chacun de ces artisans dont les contrats dépassent actuellement les 280 euros du mégawattheure », a expliqué le président de la République. » En complément, les boulangers pourraient demander le report du paiement de leurs impôts et cotisations sociales pour soulager leur trésorerie, selon la première ministre. Ces mesures suffiront-elles dans un contexte où les matières premières augmentent elles aussi considérablement ?
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