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La gestion financière de la ville sous les projecteurs de l’opposition et de la chambre des comptes

Le rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) de Bretagne sur la situation financière de Rennes est devenu un point d’orgue du débat politique local. L’élu d’opposition Charles Compagnon y voit la validation de ses alertes répétées, tandis que l’adjoint au maire, Mathieu Theurier, défend une gestion « saine » et réagit point par point.

À moins d’un an de la fin du mandat, ce document couvrant les exercices 2017 à 2023 agit comme un révélateur. Il pointe des marges de manœuvre financières de plus en plus réduites, des dépenses de fonctionnement en hausse, une dette en augmentation, et un contrôle interne encore à renforcer. Pour Charles Compagnon, président du groupe « Libres d’agir pour Rennes », ce rapport vient confirmer ses nombreuses mises en garde. « Il serait judicieux que vous écoutiez plus souvent votre opposition, madame la Maire. Cela vous aurait évité les remarques de la Chambre », martèle-t-il.

Point par point, Charles Compagnon dresse un parallèle entre ses critiques et celles de la CRC : manque de transparence sur les zones d’aménagement concerté, avec des présentations jugées « superficielles et consolidées », écart significatif entre les emplois budgétés et les postes pourvus — 388 emplois manquants en 2021 selon lui —, ou encore suivis largement insuffisants sur les subventions versées aux associations. « Pour ces dernières, vous avez annoncé vouloir en contrôler seulement 5 %, soit environ 2 millions d’euros sur un budget de 40 millions. Cela revient à ne maîtriser aucunement 38 millions d’euros d’argent public. »

Mais ce n’est pas tout pour Charles Compagnon. Selon le rapport, près de la moitié des investissements ont été financés par l’emprunt, ce qui a fait bondir la dette par habitant de 56 % en cinq ans, pour atteindre 1 428 euros par habitant. La capacité de désendettement a suivi la même pente : elle est passée de 4,3 à 13,7 années. Charles Compagnon dénonce encore une gestion artificiellement équilibrée par des recettes exceptionnelles, comme le remboursement de Rennes Métropole à la suite d’un litige judiciaire, ou encore la reprise d’excédents issus des ZAC.

Matthieu Theurier, adjoint, s’inscrit en faux contre cette lecture alarmiste. « La CRC, dans son rôle, a bien relevé quelques axes d’amélioration, mais conclut sans ambiguïté à une gestion saine des finances communales. Trois recommandations seulement, mineures, ont été formulées. Nous allons pouvoir avancer assez facilement sur ces points. » À l’inverse de Charles Compagnon, il met en avant les efforts réalisés, en particulier sur les effectifs, avec 250 agents municipaux recrutés en plus pendant le mandat.

Sur la question de la dette, l’élu écologiste assume lui des choix volontaristes. « Oui, les marges sont plus tendues, mais nous restons dans des ratios acceptables. Vous demandez toujours plus — plus de policiers, plus de rénovations, plus de places en crèche — mais vous ne dites jamais ce que vous, vous supprimeriez. Avec vous, le monde associatif et culturel risquerait de prendre cher !» En filigrane, c’est déjà l’affrontement électoral de 2026 qui se dessine, avec en toile de fond des visions très différentes de la transparence, des priorités budgétaires et du rapport aux citoyens. Pour consulter le rapport de la chambre régionale des comptes. 

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