JEAN-BAPTISTE LEGENDRE S’EST ÉTEINT

Pas de communiqué officiel du groupe Legendre à la disparition de son fondateur, Jean-Baptiste Legendre, âgé de 97 ans. Rien de plus normal. Dans cette entreprise du cru, on est dans la douleur et dans la retenue. On ne s’épanche pas dans des discours fleuves. On retient ses larmes et on encaisse la tristesse dans son coin.

Pourtant, cet homme-là mérite bien des éloges. Créateur d’un empire, il naît le 23 août 1923, à Amanlis, dans une famille de six enfants. Après un certificat d’études en poche (ce qui vaut largement le bac maintenant !), il devient garçon de ferme puis garçon boucher. Mais la guerre arrive avec son cortège d’horreur. Prisonnier, le jeune homme se fait la belle du Service du travail obligatoire (STO) et entre dans la clandestinité. Il devient un guerrier de l’ombre dans l’Armée de la Libération.

Cinq ans de guerre aguerrissent le jeune homme. Mais à la libération, il faut retourner au turbin. Il faut gagner sa croûte comme on aime à dire dans notre plat pays. Devenu cheminot, il reste peu de temps à la SNCF. Rien de plus logique, l’homme au caractère trempé a besoin de liberté.  Avec l’aide d’un ouvrier puis d’un apprenti, il créé sa propre entreprise de maçonnerie en 1946.

Durant de longues années, l’homme est persévérant, conquérant. Il tient à bout de bras son entreprise jusqu’en 1968 où petite révolution, son fils Jean-Paul le rejoint (son autre fils le arrivera plus tard). En 1983, il lui passe la main. A 70 ans, il quitte les rênes de son entreprise, devenue un colosse de la construction immobilière. Depuis, sa société est gérée par son petit-fils Vincent. Mais elle n’a jamais quitté son coeur. De sa maison de Janzé, construite de ses propres mains, il veillait encore sur elle à l’âge de 95 ans et des poussières… Ses obsèques ont eu lieu ce matin. Une sculpture le représente aujourd’hui dans le château des Pères, propriété de la famille Legendre, où une de ses ancêtres était la bonne du châtelain.