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HEMBOLD : VITRAUX « GOLD »

À Corps-Nuds, deux trésors captivent ceux qui s’y arrêtent : son église au clocher byzantin, silhouette familière dans le paysage breton, et un atelier d’exception où l’on façonne la lumière depuis des générations : les Hembold. Dans ce dernier lieu empreint d’histoire, l’art du vitrail se perpétue avec passion. « Nous travaillons pour que notre patrimoine religieux soit préservé », explique Cassandra Hembold. À la tête de l’entreprise familial aux côtés de son père Henri, elle fait vivre un métier ancestral, transmis de maître à apprenti depuis au moins plus de trente ans. « Depuis toute petite, j’ai grandi dans l’atelier », confie-t-elle.

Un héritage façonné par la passion

Avant elle, Henri, son père, avait lui aussi trouvé sa vocation très tôt. « À la fin du CM2, il a dit à son père qu’il voulait arrêter l’école pour exercer un métier manuel. Il avait le choix entre maître verrier et doreur à la feuille d’or. Il a préféré le verre. » Formé en apprentissagee, Henri a de…l’or entre les mains. « J’ai commencé chez Klein, à Rennes, rue du Vieux-Cours, rappelle-t-il. J’y suis resté un an avant que l’atelier ne déménage à Cesson-Sévigné, où j’ai poursuivi ma formation pendant deux ans pour devenir peintre sur verre. »

Mais sa carrière prend un tournant décisif après son service militaire. « J’ai demandé une avance à mon patron, il a refusé. J’ai enlevé ma blouse, je l’ai posée sur la table. Je me suis mis à mon compte. »  Ainsi naissent les Ateliers Hembold, aujourd’hui réputés pour leur savoir-faire unique et leur engagement dans la préservation du patrimoine. « Cela m’a passionné tout de suite. C’est magique, le verre, c’est une matière superbe. »

Si Henri est avant tout un orfèvre du vitrail, Cassandra, elle, est fascinée par la lumière qu’il révèle. « Ce que j’aime, c’est l’ambiance qu’il crée. Selon l’heure de la journée, selon la météo, une église n’a jamais le même visage. » Mais père et fille partagent la même mission : redonner leur éclat aux œuvres du passé. « Nous ne sommes pas simplement verriers, convient le papa. Nous sommes vitraillistes. Nous préservons des chefs-d’œuvre pour qu’ils traversent les siècles. Nous avons dans nos mains des vitraux du 14e, 15e, 16e siècle. »

Ici, pas de place à l’à peu près. Ici, la tradition est respectée d’une main de maître. « Mon père est un passionné d’édifice religieux », explique Cassandra. « Il est capable de faire un détour de 100 kilomètres pour voir un vitrail. » De Granville à Paris, en passant par la Bretagne, le Pater familial voyage dans tout le pays ! « Quand je trouve une église ouverte, je fais des photos, précise-t-il. J’ai constitué une base de données visuelle immense, permettant de recréer des éléments manquants avec fidélité. Les monuments historiques répertorient les vitraux, mais souvent de trop loin. Ils ne rentrent pas dans les détails comme moi. »

En France, l’atelier Hembold a marqué de son empreinte de nombreux édifices : cathédrales de Rennes, Vannes, Dol-de-Bretagne, églises Saint-Hilaire de Chaléon et de Laigle… Chaque restauration est un défi, particulièrement lorsqu’il s’agit des vitraux du XVe, XVIe et XIXe siècles, dont la technique exige une parfaite maîtrise de la peinture sur verre et des jeux de transparence.

Un combat pour la préservation du patrimoine

Aujourd’hui, l’atelier fait face à plusieurs défis. D’un côté, la concurrence des appels d’offres, où l’administratif prime souvent sur la qualité artisanale. De l’autre, la dégradation accélérée des vitraux par le chauffage moderne des églises. « À l’origine, ces bâtiments n’étaient pas conçus pour être chauffés. Depuis les années 70, la condensation causée par l’écart de température détériore irrémédiablement les vitraux. Nous militons pour l’installation de systèmes de ventilation adaptés.»

À 70 ans, Henri Hembold ne manque pas d’idées pour l’avenir. « Nous aimerions créer un musée ! », lance-t-il avec enthousiasme. « Dans ce lieu, nous exposerions des vitraux, des tableaux d’artistes pour faire découvrir leur art au grand public. » En attendant, l’atelier ouvre ses portes aux curieux. « Nous accueillons des groupes jusqu’à 60 personnes et nous allons dans les écoles pour transmettre notre passion. » Récemment, même la ministre Françoise Gatel est venue admirer leur travail. Ateliers Henri Hembold, 46, boulevard François Mitterrand, 35 150 Corps-Nuds, France. 02 99 44 12 37. Mail : contact@ateliers-helmbold.com

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