TVR : LA CHAMBRE RÉGIONALE DES COMPTES REND SON RAPPORT
La société d’économie mixte (SEM) Rennes Cité Média (RCM), créée le 5 septembre 1985, exploite la chaîne de télévision locale TVR. Avec 24 collaborateurs permanents (11 journalistes), elle dispose d’environ 3,5 millions d’euros de recettes d’exploitation, dont 60 % en provenance de collectivités territoriales. Diffusant sur la TNT en Ille-et-Vilaine et dans les zones limitrophes, la chaîne TVR revendique environ 150 000 téléspectateurs par semaine. De plus en plus présente sur internet, elle s’est recentrée sur sa vocation de média de proximité. Elle vient de faire l’objet d’un rapport de la chambre régionale des comptes Bretagne dont nous en révélons quelques bribes.
Situation financière stabilisée !
Après avoir été difficile jusqu’en 2012, la situation financière s’est stabilisée, puis améliorée à partir de 2015. Ce redressement, limité, a été obtenu par un effort notable et louable de compression des dépenses et une légère amélioration des recettes. “Cette approche malthusienne, nécessaire, ne pourra cependant se poursuivre indéfiniment, sauf à remettre en cause les productions et programmes et finalement le périmètre et le positionnement d’une télévision qui reste dépendante des financements publics”, note le chambre.
Peu endettée et disposant d’une trésorerie correcte, la société bénéficie d’une moindre nécessité d’investissements lourds et d’économies possibles ( matériels et diffusion). Elle se retire même progressivement de ses participations extérieures. Ce qui n’est pas plus mal… “Elle devra éviter de renouveler une expérience coûteuse comme celle de l’engagement dans Ty Télé au début des années 2010. Ses difficultés financières, en partie liée aux conséquences de cette participation, ont nécessité un remaniement du capital social en 2014, afin de garantir la pérennité de la SEM.”
Une stratégie claire pour les années à venir
Sans présenter de défaillance majeure, le fonctionnement institutionnel doit faire l’objet d’une approche plus rigoureuse, notamment en révisant la composition du conseil d’administration et les règles de présence dans les instances de la société. En revanche, La SEM devrait faire bien plus attention aux règles des commandes publiques. “Elle n’a jusqu’à présent pas respecté les règles relatives aux marchés publics, qui s’appliquent pourtant à elle. Elle doit se mettre en conformité avec la réglementation, afin de respecter les principes de libre accès à la commande publique, d’égalité de traitement des candidats, de transparence et de traçabilité des procédures (..).” D’après la chambre régionale des comptes, certains contrats en cours présenteraient même des défauts, notamment dans les conditions de renouvellement. “Si la fidélité au prestataire de parking peut se comprendre du fait de la proximité géographique de celui-ci et de son monopole sur le stationnement souterrain public, des offres privées peuvent aussi exister”, ajoute la CRC de Bretagne.
Dans la gestion administrative, rapporte la chambre, l’effort de maîtrise des effectifs a été réel dans les dernières années. Reste toutefois quelques trous dans la raquette… “Tous les contrats de travail ne sont pas écrits et l’accord sur le temps de travail est très favorable aux salariés”, relève la chambre. “Le suivi du temps et de l’organisation du travail doit être plus fin, régulier et exhaustif. Le suivi de l’utilisation des véhicules de service doit également être amélioré.”
Une télé sur le Net ?
Pour l’avenir, la chambre met en garde la SEM contre toute diversification abusive et toute prise de participation qui constituerait un risque pour une société elle-même fragile et sans marge de manœuvre financière et capitalistique. La chambre demande aussi à la SEM de veiller à un formalisme plus rigoureux des conseils d’administrations et à une plus grande régularité de ses réunions. La chambre relève d’ailleurs les carences du travail réalisé par son cabinet juridique et la responsabilité de la SEM dans le contrôle déficient de ce travail.
Qu’en sera-t-il toutefois de la stratégie prochaine de TV Rennes ? “Une première possibilité serait de conférer à TVR une dimension régionale, afin d’atteindre un seuil minimal d’audience, de production et de recettes pour assurer la pérennité et de réaliser des économies d’échelle par rapport à la situation. Mais, note la chambre, les obstacles institutionnels, entrepreneuriaux, juridiques et financiers sont nombreux, notamment en raison d’une pluralité d’acteurs très divers. La nécessité d’une impulsion régionale ne rendrait pas évidente cette possibilité, le conseil régional pouvant être plutôt amené à s’investir dans l’avenir de France 3 Bretagne.”
Sans cette dimension, précise la chambre, il conviendrait alors de réfléchir au passage à terme à une télévision sur internet, afin de réduire drastiquement les coûts, de gagner en souplesse de contenus, d’organisation et de diffusion et de se placer en cohérence avec une mission de valorisation territoriale. “Ce serait une autre manière d’assurer la pérennité de la structure, en la libérant en partie des contraintes du cadre juridique de l’audiovisuel classique et de coûts importants en matière de diffusion, tout en la rendant moins dépendante de financements publics élevés mais de plus en plus contraints.”
Les subventions : 880 000 euros pour la ville de Rennes, 500 000 pour Rennes Métropole, 100 000 euros pour le département, 549 296 pour la région bretagne et 110 000 euros pour Saint-Malo.
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