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Rennes : quand les halles tombent en désuétude

À Rennes, les halles ont encore leurs fidèles, leurs commerçants passionnés, leurs clients du samedi matin. Mais les murs parlent, et ce qu’ils disent aujourd’hui, c’est l’usure. Celle du temps, celle du désintérêt, celle d’un patrimoine laissé en désuétude. « Dans la capitale bretonne, on aménage la ville plus qu’on la restaure », ose un technicien de la métropole. Cette formule un brin amère résonne particulièrement sous les voûtes fatiguées des halles des Lices ou centrales.

ICI, CE NE SONT PAS LES PROMESSES QUI MANQUENT, MAIS LES ACTES.

Les usagers, eux, n’en peuvent plus. « Par temps de pluie, on reçoit des gouttes d’eau », glisse un boucher des Lices, en demandant à rester anonyme. « Nombreux sont les rats quand on arrive le samedi matin. Malgré le loyer annuel, les prestations ne sont guère à la hauteur de la notoriété du lieu. Nous n’avons pas d’eau ni de confort. La charpente métallique est dans un sale état. Quant aux toilettes, c’est une catastrophe… »

Même exaspération chez un autre commerçant : « Les WC sont dans un état repoussant. C’est un vrai scandale. Je me souviendrai toujours de la réflexion de touristes allemands. Ils étaient consternés. » De l’autre côté de la République, sous les halles centrales, les plaintes semblent les mêmes. Toujours sous couvert d’anonymat, de peur de représailles. « Regardez l’état de la charpente », soupire l’un des fromagers. « Il faudrait une bonne couche de peinture. Pour parodier un film de Louis de Funès, nous sommes ici dans Notre-Dame des courants d’air ! »

Et pourtant, ces lieux continuent d’attirer les clients. « Mais on a le sentiment que la métropole ne fait rien pour les consolider », assure un habitué. « La preuve ? Ces lieux ne font pas partie des détours des guides. Elles ne sont pas mises en valeur, sauf lors du Marché à Manger. Mais fait étonnant : cette manifestation, aussi intéressante et grand public est-elle, se déroule à l’extérieur des halles centrales. Comme si on ne voulait pas pénétrer dans les lieux… »

A BREST, ON A DÉCIDÉ DE REFAIRE ENTIÈREMENT LES HALLES

Ce paradoxe résume bien la situation. Les halles sont là, présentes, aimées… mais fatiguées. Dans ce décor figé, les carreaux se brisent, les dalles se fissurent, la peinture se délite ! D’autres villes ont pourtant choisi une autre voie. À Porto (Portugal), les deux halles rénovées sont devenues un modèle de tourisme urbain et de gastronomie. « Il y a des restaurants, des étals étincelants, de la clarté, de la musique. C’est un vrai plaisir », confie un estivant. Plus près de nous, Dinard a su moderniser les siennes sans les dénaturer. « J’en suis fan », glisse une Rennaise. « Ici, sur la côte d’Émeraude, on a le sentiment d’être dans un lieu respirant, insufflant, dynamisant. »

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