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NOUVELLE USINE DE TRAITEMENT DES DÉCHETS : DES RETARDS, DES SURCOÛTS ET DES QUESTIONS

Depuis 1968, l’unité de valorisation énergétique de Rennes traite les déchets du territoire et permet de chauffer les quartiers de Villejean et Beauregard. Arrivant en fin de vie, ses équipements font l’objet d’une restructuration depuis le 1er avril 2022. « Les travaux en cours renouvelleront tous les équipements de traitement des détritus, d’épuration des fumées et de production calorique », explique Rennes métropole, dans un communiqué. « Au final, avec la même quantité de résidus incinérés (144 000 t par an), l’usine fournira bien plus d’énergie : + 100 % d’électricité et + 50 % de chaleur par rapport à l’ancienne installation. »

Bataille d’experts

À la fin du mois de mars 2023, des difficultés techniques ont amené Rennes Métropole à suspendre les travaux. À raison, visiblement ! Les experts mandatés par la collectivité ont mis en doute la conformité des chaudières vis-à-vis de la réglementation européenne en vigueur (dimensionnement de la tuyauterie). Ils ne sont pas les seuls. Les services de l’État ont missionné une tierce expertise en décembre 2023 pour se pencher sur le sujet. Seul, l’expert du fabricant des dites-chaudières possède une interprétation différente. « Les positions de chacun ne seront pas connues avant avril prochain. À ce rythme, la nouvelle usine d’incinération des déchets ne sera pas prête en 2024,» confie Laurent Hamon, vice-président de Rennes métropole.

L’ALLONGEMENT DE LA DURÉE DU CHANTIER IMPLIQUERA UNE AUGMENTATION DE LA TEOM (TAXE D’ENLÈVEMENT DES ORDURES MÉNAGÈRES)

En revanche si des travaux sont nécessaires pour assurer la mise en conformité, une enveloppe de 25 millions d’euros a déjà été provisionner en conseil métropolitain le 21 décembre 2023. D’ores et déjà, le retard enclenche des répercussions notables sur le traitement des déchets, non seulement à l’échelle de Rennes Métropole, mais aussi à l’échelle régionale. Il implique d’acheminer les résidus vers d’autres installations en Pays de Loire, en Mayenne et en Normandie. « Cela a un impact financier énorme pour la collectivité. À ces surcoûts de collecte s’ajoute le manque à gagner pour le chauffage urbain et l’obligation d’activer les chaudières à gaz », dénonce Carole Gandon, porte-parole du groupe d’opposition.

Et d’ajouter. « La métropole nous demande aujourd’hui de signer un chèque en blanc de 25 M€ sans aucune explication claire sur les causes, les choix réalisés, les expertises menées, les alternatives explorées… 25 millions €, c’est une somme considérable ! C’est le montant estimé du coût de rénovation de la piscine Saint-Georges, un chantier de préservation de notre patrimoine et de protection que la collectivité a remise aux calendes grecques pour cause de contrainte financière. Les citoyens et contribuables métropolitains ont impérativement besoin de transparence sur ce dossier jusqu’ici traité en toute opacité. » 

Infos + : Le marché a été attribué à des entreprises, associées au sein du groupement de conception-réalisation franco-italien RUTHS SpA, FISIA Italimpianti SpA, Legendre GC et Paumier Architectes. Le mandataire du groupement est RUTHS SpA. L’usine traite 140 000 tonnes de déchets par an. Elle accueille ainsi non seulement les déchets ménagers des foyers de la métropole, mais aussi ceux d’autres collectivités et ceux industriels. Cette UVE, en brûlant les détritus, récupère de l’énergie pour près de 30 000 habitants du secteur nord-ouest de Rennes. Fait à noter, 35 000 équivalents logements seront chauffés grâce à cette nouvelle usine d’incinération (180 000 mégawatts-heures) 55 000 mégawatt-heure fournis annuellement par l’UVE modernisée au réseau, soit la consommation de 13 000 ménages.

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