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CCI : FAIRE DES DIRIGEANTS ET DES ENTREPRISES LES CHAMPIONS DE DEMAIN

Emmanuel Thaunier, président de la CCI Ille-et-Vilaine, revient sur la crise sanitaire et l’avenir de nos entreprises dans un long entretien accordé à Rennes Business. Entretien sans concession pour voir l’avenir autrement.

Comment les chefs d’entreprise ont-ils affronté la crise sanitaire ?
Ils l’ont subie! Mais une fois qu’ils ont compris comme tout un chacun qu’elle risquait de durer un certain temps, ils se sont mis en position de survie. Heureusement, le deuxième confinement a été beaucoup moins dur économiquement que le tout premier.

Le monde politique a-t-il compris les difficultés des chefs d’entreprise ?
À tous les niveaux, les hommes et femmes politiques ont été enclins à jouer ce sacro- saint principe de précaution. Ils n’ont pris aucun risque. Bien sûr, les morts ont été nombreux et c’est toujours trop ! Bien sûr, ils devaient prendre des décisions. Mais j’ai aujourd’hui bien plus peur des effets collatéraux de cette crise pour les chefs d’entreprise et les salariés.

On a senti des chefs d’entreprise très impliqués dans la sauvegarde de leurs entreprises…
Quand c’est une question de survie, c’est un réflexe! Ils étaient très concernés au premier chef. Comme toujours, ils ont su mettre à l’abri leur entreprise et leurs collaborateurs grâce aux dispositifs de l’État et généreux. Puis bien après, ils se sont occupés d’eux-mêmes…

Ont-ils réussi à se mettre à l’abri ?
Ils se sont sentis parfois dépourvus dans la mesure où il n’y a souvent pas grand- chose de prévu pour eux… J’ai peur que beaucoup tombent vite dans les drames personnels. Beaucoup n’ont pas constitué d’eux-mêmes de quoi amortir une crise.

Cette crainte est-elle justifiée?

Lors de sa création il y a quelques années, nous avions beaucoup soutenu l’association Rebond 35 pour accompagner psychologiquement les dirigeants en difficultés. Nous continuons à le faire. À la Chambre de commerce et d’industrie, nous serons cette année aux côtés des chefs d’entreprise dans la prévention de leurs difficultés, leur accompagnement, leur relance, leur numérisation et la diversification de leur business.

Déploierez-vous d’importants moyens ?

Pour la numérisation des commerçants, nous le faisons déjà. Pour les entreprises industrielles, depuis fin septembre, nous les encourageons à solliciter les investissements financés en partie par l’État dans le cadre du plan de relance et de l’accompagnement des situations les plus difficiles.

Quelles sont les autres mesures que vous allez prendre en 2021 pour aider la reprise des industriels ?

Dans cette crise systémique, l’effet boule de neige est considérable sur de nombreuses entreprises. Nous avons vu des industriels bloqués dans leur source d’approvisionnement. Cette année, notre aide consistera à identifier des fournisseurs européens et français dans le cadre de cette relocalisation que souhaite ardemment l’État.

Que faire en 2021 pour les entreprises ?

Tout le monde s’est endetté durant la crise. Il va falloir renforcer les fonds propres, aider les entreprises à se recapitaliser pour pouvoir investir à nouveau. Car sans investissement, les années à venir risquent d’être difficiles.

Quel sera votre rôle ? 

Il sera de faire savoir et de faire connaître les mesures prises en faveur des chefs d’entreprise. Dès le début de l’année, nous les appellerons, nous ferons un prédiagnostic rapide et nous les orienterons vers des aides ou des stratégies pour reconstruire leur modèle économique et améliorer leur robustesse. Nous devons aider nos ressortissants dans un contexte qui ne nous est pas toujours favorable : l’État nous a supprimé plus de 50 % de nos ressources. Nous ferons ce que nous pourrons.

La chambre de commerce et d’industrie est devenue en ces temps difficiles plus que nécessaire…

Les chefs d’entreprise s’en rendent compte et c’est bien! Lors du premier confinement, nous avons soutenu les commerces, les restaurants, les hôtels à redémarrer en distribuant des kits sanitaires à une époque où l’on ne trouvait pas toujours de masques en France. Au-delà de ces opérations, dans les plus hautes instances, notamment à Bercy, nos gouvernants remarquent aujourd’hui le rôle indispensable des CCI.

Quelle est votre force ?

Nous sommes un réseau de proximité unique et bien sûr fondamental dans une période difficile comme celle que nous connaissons. Nous pouvons déployer efficacement les politiques nationales et défendre les intérêts des chefs d’entre- prise vis-à-vis des pouvoirs publics.

Quel est l’intérêt de cette crise ?

Il est de remettre à plat les stratégies, de faire ressortir les faiblesses et de créer parfois de nouvelles opportunités comme le télétravail et des nouvelles organisations. Cette crise peut nous aider à repartir vers d’autres modèles économiques.

Quels sont les atouts économiques du département ?

Nos entreprises sont très diverses et variées. Notre département dispose d’entreprises dans tous les secteurs : industriel, agroalimentaire, tertiaire et commercial. Ceci en fait un département riche, capable de s’adapter à tous les aléas et d’être une vraie locomotive pour la Bretagne

 

 

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