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BRIDOR À LIFFRÉ : C’EST FINI !

Filiale du groupe Le Duff, Bridor, leader dans la fabrication de boulangerie surgelée, met fin à son projet de site industriel, à Liffré. « Avec regret pour la Bretagne et ses collaborateurs, Bridor ne peut pas attendre 10 ans pour construire une nouvelle usine », explique la société dans un communiqué. 

En 2017, Le Duff avait lancé son programme. « Six ans plus tard, nous avions obtenu les conclusions favorables de la Commission nationale du débat public et toutes les autorisations administratives nécessaires », ajoute le groupe. Mais au regard des recours engagés devant la justice, la construction était toujours au point mort. « Une fois tous ces recours purgés, il faudrait compter deux années de réalisation pour ce type de site industriel. Ces travaux ne pourraient pas commencer avant 2016, amenant le démarrage du chantier au plus tôt en 2028. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre 10 ans, voire certainement davantage, pour que notre projet aboutisse ! » a regretté Louis Le Duff, président fondateur du Groupe Le Duff. « À l’étranger, nos concurrents mettent 1 à 2 ans maximum pour obtenir les mêmes autorisations de construction. » 

Le groupe assure avoir « pesé les choses mûrement » ! Mais cette échelle de temps est « incompatible avec la demande croissante de nos clients. » Pour faire face à sa progression, Bridor rappelle qu’il n’est pas resté les bras ballants. Il a investi en France et en Bretagne sur ses sites actuels. « Plus de 350 millions d’euros y ont été injectés avec à la clé la création de 500 emplois directs et près de 1500 induits. Au Portugal, nous avons fait l’acquisition de Panidor (500 salariés) en octobre 2022 afin de répondre à la demande européenne. En Amérique du Nord, Bridor a acheté en juillet 2022 de Lecoq Cuisine (300 collaborateurs dans le Connecticut. Dans le même temps, il a doublé ses capacités sur son site de Bridor Montréal. » 

À l’annonce de cette nouvelle, les opposants au projet (comme Colère Liffré : https://colere-liffrecormier.org) ne cachaient pas leur satisfaction. « C’est une belle victoire collective et rendez-vous le 10 juin pour la fêter ! », expliquait Pascal Branchu, membre de l’association Nature en ville. « Le Duff renonce à s’approprier les terres agricoles fertiles, mais les décisions administratives perdurent ! Nous devons poursuivre les démarches en justice pour les faire annuler et créer une jurisprudence qui servira de leçon aux barons locaux, mais aussi à d’autres luttes sur le sujet. »

Prévenus hier, de nombreux politiques ont réagi sur les réseaux sociaux. « Ma première pensée va à toutes ces familles. Elles portaient beaucoup d’espoirs sur les centaines d’emplois d’ouvriers et de techniciens, non délocalisables, que devait produire cette usine », confie le président de la région Loïg Chesnais-Girard (ancien maire). « Dès demain, la région sera aux côtés des élus de Liffré-Cormier communauté pour réfléchir aux nouvelles perspectives qui s’ouvrent à eux. » Même son de cloche chez Stéphane Piquet, le président de la communauté de communes, dans les colonnes d’Ouest-France. « Notre priorité est de recréer un nouveau projet. Nous allons travailler ardemment pour retrouver le moyen d’assurer tous les emplois nécessaires à notre bassin de vie. » 

Responsable du groupe des élus Rassemblement national à la région, Gilles Pennelle a donné lui aussi son point de vue. « Loïg Chesnais-Girard, ancien maire de Liffré, réclamait dans son programme « des usines et l’écologie ». Il n’a ni l’un ni l’autre ! Il est désavoué sur ses propres terres. Une Bretagne sans industrie, sans agriculteur, sans pêcheur, sans tourisme… Le projet fou de pseudo « écolos » radicaux commence à se réaliser ! Le Rassemblement national est aux portes du pouvoir, il réindustrialisera la Bretagne tout en préservant l’environnement. » À droite, Isabelle Le Callennec, représentante des Républicains, est tout aussi dure à l’égard de la région. « Ce qui devait arriver arriva. Les masques tombent ! Par son absence de soutien au programme, l’exécutif breton a sa part de responsabilité dans la fragilisation de notre économie. Qu’on se le dise ! » Mais aucun élu n’a réussi pour l’heure à faire revenir monsieur Le Duff, sur sa décision. 

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