Contrairement à ce que martelait le candidat de droite Charles Compagnon, Rennes est toujours à gauche et bien à gauche (68, 43 % des voix avec l’extrême-gauche). Elle sera dirigée encore une fois par la Socialiste Nathalie Appéré au soir du second tour (si celui-ci est maintenu au regard de la pandémie du coronavirus).
Seule surprise, six électeurs sur dix n’ont pas daigné voter ! Le taux de participation de ces municipales est faible (coronavirus oblige), extrêmement faible au regard des enjeux (mobilité, urbanisme et sécurité). Il est faible pour asseoir une vraie légitimité. Mais il est largement suffisant pour montrer que les rivaux de Nathalie Appéré n’ont jamais été capables de la mettre en difficulté. Ceux-ci n’ont pas assez “cogné”, sont partis trop tard en campagne et souffraient d’un déficit de notoriété. Bref, Carole Gandon (En Marche), Charles Compagnon (Droite), Enora Le Pape (Insoumis) et Frank Darcel (Breton) ont été battus par leur trop plein de confiance. Ils croyaient le scrutin gagné au regard d’une contestation grandissante contre l’insécurité, l’urbanisme outrancier et une mobilité discutée.
Une ville imprenable ?
Mais à Rennes, les Socialistes sont ancrés dans la glaise. Ils ont partout tissé des liens avec les associations. Ils ont créé des organismes publics avec des administratifs, des personnels qui leur sont redevables. Ils ont gagné avec intelligence… Il leur restera désormais de vivre en intelligence avec des citoyens de plus en plus… intelligents et protestant contre leurs projets. L’opposition n’est plus simplement politicienne. Elle est aujourd’hui intelligente et citoyenne contre les projets urbains, les mobilités décevantes et l’insécurité grandissante. Elle est dans la rue et non plus dans les urnes. Et elle sera de plus en plus virulente si elle n’est pas prise en compte.
Mais cessons-là les polémiques pour applaudir une victoire socialiste impériale, même pas ternie par le score des Écologistes, vainqueurs dans dix bureaux de vote. Nathalie Appéré va désormais pouvoir négocier avec Mathieu Theurier dans les meilleures conditions et éventuellement avec Enora Le Pape (si elle le souhaite). “Avec près de 33 % des voix, les électrices et les électeurs ont placé largement la liste que je conduis en tête de ce premier tour. Ils nous donnent la force pour assembler davantage encore les Rennaises et les Rennais en prévision du second tour. J’ai chargé mon équipe de campagne de mener les discussions avec la liste conduite par Mathieu Theurier. J’ai toujours porté le rassemblement de la gauche et m’on équipe s’y emploiera demain !”
Chez les écologistes, Mathieu Theurier tend la main aux Socialistes. “Dans les heures qui viennent, nous allons travailler à ce rassemblement. Notre participation à une majorité est conditionnée à un projet global, cohérent et ambitieux pour faire face aux urgences climatiques, sociales et démocratiques. Il est temps de mener la transformation écologique et solidaire de notre territoire pour les habitants de nos quartiers”, explique le candidat qui se réjouit du score “bas” de l’extrême-droite et du désaveu de la droite libérale et sécuritaire, en particulier de la candidate de la majorité gouvernementale.
Nathalie Appéré arrive en tête avec 32, 78 % des voix. Elle devance Mathieu Theurier (25, 37%), Carole Gandon (14, 29 %), Charles Compagnon (12, 21 %) et Enora Le Pape (7, 54 %). Derrière elle, les autres candidats ramassent des miettes. Eric Salmon décroche 4, 21 % des voix, Frank Darcel (1, 92 %), Valérie Hamon (1, 06 %) et Pierre Priet (0, 62 %). Ils ne pourront pas être remboursés de leurs frais de campagne, faute d’atteindre les 5 % de voix. Lors de ces Municipales 2020, au 1er tour, le taux de participation était de 15,80% à 12h, de 35,03% à 17 h et de 45,06% à 19 h. Il y a six ans, il était de 21,22% à midi, de 55,91% à 17 h et de 64,73% à 19 h.
Ce soir, je veux exprimer ma gratitude à toutes les personnes qui se sont engagées pour le bon déroulement du scrutin et aux personnels soignants mobilisés aux côtés des malades et des personnes fragiles.
Ensemble, continuons à faire bloc pour surmonter cette épreuve.
La réaction de Charles Compagnon au micro du journal Ouest-France : “je suis triste pour Rennes. On ferme des bars et des restaurants samedi à 19 h 45, avec des élections le lendemain. On aurait voulu fausser ce qui allait se passer, on ne s’y pas mieux pris. C’est clair et net qu’il y a tout un électorat qui s’est démobilisé.”
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