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après plus de deux siècles, le palais Saint-Melaine passe du public au privé

Une page d’histoire se tourne au cœur de Rennes. Non loin du Thabor, le palais Saint-Melaine, vaste ensemble patrimonial construit à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, vient d’être vendu par l’État, qui en était propriétaire depuis la Révolution française. La transaction a été actée le 15 décembre 2025, mettant fin à plus de 230 ans d’usage public. Selon Le Monde, l’acquéreur est un promoteur rennais, le groupe Bâtisseurs d’avenir, également connu sous le nom de Bati Armor, associé à la société d’investissement Westone, créée en 2019 par Maximilien Couffon. Le montant de la vente n’a pas été rendu public. Mais le projet prévoit la création d’une quarantaine de logements ainsi que de surfaces de bureaux, au terme d’un chantier de réhabilitation qui s’annonce long et complexe.

Le palais Saint-Melaine a connu de nombreuses vies. Comme le rappelait Rennes Infos Autrement dès 2021, il a successivement accueilli l’abbé du couvent, l’évêché, l’Intendance, puis des institutions civiles et universitaires, dont le musée des Beaux-Arts, la faculté de droit, l’Inspection académique et, plus récemment, le rectorat de Bretagne et la chancellerie des universités. Classé monument historique depuis 1959, y compris pour les sols de la cour et du jardin, l’ensemble est soumis à des règles de conservation strictes. Toute intervention devra faire l’objet d’autorisations spécifiques de l’État, notamment du préfet de région. Les espaces verts sont eux aussi concernés par ces contraintes patrimoniales.

Ces exigences expliquent en partie le coût élevé de l’opération. D’après Le Monde, la réhabilitation pourrait atteindre entre 4 000 et 5 000 euros le mètre carré, soit bien davantage qu’une construction neuve dans le même quartier. Sans dispositifs fiscaux incitatifs, ce type de projet resterait difficilement viable pour des acteurs privés. La cession du palais ne constitue pas une surprise totale. Dès le début des années 2020, plusieurs services de l’État et de l’université avaient quitté les lieux. Rennes Infos Autrement évoquait déjà un scénario de vente, après le déménagement progressif de la chancellerie des universités et de certains services de l’université Rennes 1 vers le campus de Beaulieu.

À l’époque, certains responsables universitaires défendaient pourtant une autre vision : faire du palais un lieu emblématique de l’enseignement supérieur rennais, capable d’accueillir des délégations internationales et des services mutualisés. Cette option n’a finalement pas été retenue. Pour Le Monde, la vente du palais Saint-Melaine illustre une tendance plus large : celle d’un État propriétaire d’un patrimoine immobilier considérable, mais de plus en plus difficile à valoriser. Si certains biens emblématiques trouvent preneur, beaucoup restent coûteux à entretenir et complexes à reconvertir, en particulier lorsqu’ils sont protégés au titre des monuments historiques.

À Rennes, le futur du palais Saint-Melaine dépendra désormais de la capacité du promoteur à concilier exigences patrimoniales, contraintes réglementaires et nouveaux usages. Un défi architectural et urbain majeur, qui sera scruté de près par les habitants comme par les défenseurs du patrimoine. Situé dans le centre historique, au pied de l’église Saint-Melaine et à quelques mètres du parc du Thabor, le bâtiment bénéficie d’un emplacement exceptionnel. Longtemps discret malgré sa stature, il s’étend sur environ 3 300 m² de surface bâtie, auxquels s’ajoutent une cour et un parc arboré de près de 3 000 m².

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