En Bretagne, le bâtiment garde le cap malgré les tensions
Dans un contexte économique incertain, la Fédération française du Bâtiment (FFB) de Bretagne a présenté à Rennes son état des lieux annuel du secteur. Si l’activité régionale reste solide, avec un chiffre d’affaires estimé à 12,4 milliards d’euros, des signaux contradictoires marquent la rentrée. Entre léger rebond du logement neuf, vitalité de la rénovation et fragilité du marché de l’emploi, la situation appelle à la vigilance. « Nos entreprises restent prudentes, mais mobilisées. Il est temps de répondre aux besoins urgents en logements et d’assurer une visibilité aux professionnels du bâtiment», confie Stéphane Le Teuff, président de la FFB Bretagne.
Après plusieurs mois de baisse, la construction de logements retrouve timidement des couleurs. Portée par la dynamique du collectif et de l’individuel groupé, la région enregistre une progression significative des autorisations de bâtir, bien supérieure à la moyenne nationale. Les mises en chantier de maisons individuelles cessent de diminuer, et les indicateurs confirment que la Bretagne fait mieux que le reste du pays sur ce segment. En revanche, la construction de locaux ralentit nettement, un recul qui s’inscrit dans un climat d’attentisme à six mois des élections municipales.
Dans ce paysage, l’entretien et la rénovation apparaissent comme les véritables moteurs de l’activité. Les carnets de commandes sont bien remplis, avec près de 18 semaines de travail programmées en moyenne dans la région, contre 14,6 ailleurs. La rénovation des logements progresse en volume, de même que celle des locaux non résidentiels. Cette dynamique soutenue conforte le rôle central de la rénovation dans l’économie bretonne, mais souligne aussi l’enjeu d’une stabilité des soutiens publics. « Les aides à la rénovation sont aujourd’hui le premier levier du secteur. Il est indispensable de leur donner de la stabilité dans le temps », rappelle Stéphane Le Teuff.
Côté emploi, la Bretagne résiste mieux que d’autres régions, mais la situation reste tendue. Le nombre de salariés baisse légèrement, l’intérim recule, et les demandeurs d’emploi de catégorie A sont en nette hausse. Si les défaillances d’entreprises diminuent sur un an, la création de nouvelles structures accuse un repli. Ce climat prudent reflète les incertitudes qui pèsent sur la profession, même si les sociétés bretonnes conservent une capacité d’adaptation et une résilience certaine.
L’apprentissage, quant à lui, poursuit sa progression. Plus de 7 000 jeunes sont en formation dans les métiers du bâtiment, dont 3 645 apprentis dans les centres bretons. Ce chiffre, en hausse, envoie un signal positif pour l’avenir de la filière. « C’est de bon augure pour le futur de nos entreprises. Ces jeunes incarnent les compétences nouvelles dont le secteur a besoin », se réjouit le président de la FFB Bretagne.
Face à cette conjoncture contrastée, la fédération appelle à un soutien clair des pouvoirs étatiques et locaux. La question du logement est jugée prioritaire, notamment pour les actifs, les étudiants et les publics en attente de logements sociaux. La FFB plaide pour une relance de l’investissement privé par la création d’un statut de bailleur privé, et pour un assouplissement des contraintes du Zéro Artificialisation Nette (ZAN), afin de mieux concilier développement local et transition écologique.
Fondée en 1964, la Fédération française du Bâtiment de Bretagne représente plus de 3 500 artisans et entrepreneurs. Elle agit en proximité avec le territoire pour accompagner, conseiller et défendre les intérêts du secteur. Présente à tous les niveaux — départemental, régional et national — elle reste un acteur incontournable de l’aménagement et de la vitalité économique bretonne.
Les commentaires sont fermés.